Cologny, Fondation Martin Bodmer, Cod. Bodmer 22
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Dr. Justine Isserles, chercheure associée, Ecole Pratique des Hautes Etudes-Saprat (Paris), 2018.

Titre du manuscrit: Rouleau d’Esther (Megillat Esther)
Origine: Ashkenaz
Période: Début XVIe siècle, c. 1500
Support: Parchemin
Volume: Rouleau
Format: 3054 x 328 mm (longueur x hauteur)
Composition des cahiers: 6 membranes de parchemin cousues ensemble.
Etat: Rouleau de parchemin en bon état de conservation, malgré un assombrissement de la peau au début et à la fin, quelques taches parsemant le rouleau et l’encre brune d’écriture partiellement effacée dans les trois premières colonnes de texte du rouleau.
Mise en page: Réglure à la pointe sèche, 20 lignes tracées, piqûres visibles aux deux extrémités du rouleau. 1+2+1 colonnes. 20 lignes tracées pour 20 lignes écrites. Elongation et rétrécissement des dernières lettres à la fin de la ligne qui débordent parfois au-delà de la justification. Alinéas rentrants et sortants.
Type d'écritures et copistes:
  • Ecriture uniquement sur le côté recto du rouleau. Ecriture carrée ashkénaze non vocalisée, avec certaines lettres comportant des tagin. L’écriture est en module moyen pour la majorité du texte, hormis les noms des fils d’Haman, écrits dans une écriture de module monumental.
  • Emploi du ḥet m’shoch (la lettre ‘ḥet’ (ח) étendue) parcourant le rouleau, dont une variante unique se trouve dans le premier paragraphe du texte (prise de vue recto-001), ligne 9. (Remerciements au scribe Sofer STaM Mordechai Pinchas Michaels de Londres d’avoir identifié le nom de cette lettre particulière, ainsi que d’avoir proposé une datation du rouleau entre le XVIe et XVIIIe siècle).
  • Emploi de certaines lettres dans le texte, à module plus petit ou plus grand, qui font partie des règles fixées dans le traité Megillah du Talmud de Babylone pour la copie d’un rouleau du Livre d’Esther.
Décoration:
  • Présence de quelques ornementations dessinées à la plume d’écriture au sein des lettres de taille monumentale, dans l’énumération des fils d’Haman, tiré du Livre d’Esther, Es. 9 : 7-9 (prise de vue recto-0015) : petites volutes sortant des hastes et hampes des lettres ; décoration figurative végétale et florale, émergeant de la partie supérieure des lettres aux lignes 1,2 et 11; décoration figurative animale, à la tête de serpent, dans le prolongement enroulé de la lettre ‘lamed’ (ל), à la ligne 6. Cette décoration était nécessaire car il n’y avait pas de place pour prolonger la haste de la lettre ‘lamed’ verticalement.
  • Emploi de couronnes (tagin), composées de 3 traits verticaux terminant en boules, surmontant sept lettres de l’alphabet hébreu (שעטנז"גץ), selon le préceptes talmudiques de Menaḥot 29b du Talmud de Babylone.
Sommaire:
Hagiographes, Livre d’Esther (chapitres 1 à 10). Meguillat Esther à usage non-synagogal, à cause de la présence de décoration végétale, florale et animale à l’encre d’écriture, située en prolongation de quelques lettres monumentales dans l’énumération des fils d’Haman dans le texte (prise de vue recto-0015). Ce rouleau a été produit dans l’aire géo-culturelle ashkénaze, vraisemblablement au début du XVIe siècle, c.1500 (remerciements à Judith Olszowy-Schlanger, EPHE-CNRS, Paris, pour cette proposition), datable en particulier grâce à la présence d’une écriture carrée ashkénaze de module monumental des fils d’Haman proche d’une écriture tardive ashkénaze.
Provenance du manuscrit: inconnue
Bibliographie:
  • Catalogue d’exposition: Spiegel der Welt. Handschriften und Bücher aus drei Jahrtausenden, 2000, Bd. 1, n°4, 67-68. L'auteure de la notice: Olivia Franz-Klauser (O.F.-K.).
  • J. Penkower, An Esther Scroll from the 15th Century, Textus 26 (2016), pp. 209-270.