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Pas de garde antérieure ni postérieure; les premiers et derniers folios manquent (voir la composition des cahiers dans la Partie du manuscrit 1 et la Partie du manuscrit 2).
La couverture manque. Le
Les deux textes ont été réunis par trois doubles nerfs. Selon Monsieur Andrea Giovannini (conservateur-restaurateur accrédité auprès de l’Institute of Paper Conservation et de l’Association suisse de conservation et restauration) qui a examiné cette couture, il est peu probable que celle-ci soit postérieure au
Lors de l’assemblage des deux textes, tous les folios ont été rognés en haut de manière oblique, si bien que les folios sont plus longs à proximité du dos, et plus courts vers la tranche de gouttière.
Le Commentaire de l’Apocalypse ne contient aucune mention de propriétaire mais le dernier folio des Institutions grammaticales de Priscien garde la trace de deux inscriptions grattées, l’une au recto (dont l’encre a déteint au f
- f Ex libris
- f J’ay trouvez ce livre / à l’
Puisque l’examen de la couture actuelle nous informe que les deux parties de ce manuscrit (Institutions grammaticales et Commentaire de l’Apocalypse) ont été réunies
Fondée vers Sancta Maria de Alpibus
) s’affilia à l’ordre cistercien en
Plusieurs questions demeurent, comme l’identification des scriptoria italiens où furent réalisées la copie du Beatus et celle des Institutions grammaticales, le parcours de ces deux textes jusqu’à l’abbaye d’Aulps, le lieu où ces deux textes ont été reliés ensemble et la raison qui a motivé ce choix.
Ce manuscrit, dans son état actuel, était dernièrement conservé dans la bibliothèque de l’Missionnaires de S t F » a été imprimé sur les f
Le premier cahier du manuscrit étant lacunaire, le texte commence au paragraphe 14 du livre I.
Début du texte // debemus, quod non tam fixis labris
(éd. Hertz, vol. 1, p. 12, ligne 1)
Cet explicit est suivi d’une inscription postérieure à la copie du texte: Ciphus caro isto libro retinetur pro XVIII f
Au bas du Si praepostere proferantur more sillabe
Titre: (le début du titre a été rogné):
.
Ce fragment est suivi d’un tableau présentant 27 lettres de l’alphabet grec accompagnées de leur valeur numérique, de 1 à 900.
Littera minuscula rotunda.
Identification proposée par Nadia Togni remplaçant la "Littera gothica rotunda" avancée précédemment par les auteures de cette notice.
Le Commentaire de Beatus connut une grande diffusion et l’appellation Beatus désigne un manuscrit contenant ce texte ; il en existerait actuellement 34 datés du IXe au XVIe siècle, complets ou fragmentaires, dont 26 sont illustrés (voir Beatus illustré. Le Commentaire est divisé en XII livres, chacun étant subdivisé en storia ou historia (citation d’un passage de l’Apocalypse de saint Jean) suivie d’une explanatio (commentaire du passage cité).
Le manuscrit de Genève débute avec un paragraphe concernant la « Femme sur la bête » contenu au prologue du livre II, et se termine avec la dernière phrase du Commentaire, interrompue douze mots avant l’explicit.
m
Il manque donc l’introduction, le livre I et une grande partie du prologue du livre II, soit une vingtaine ou une trentaine de folios ; il manque également deux folios entre les f Beatus conservés, certains font suivre le Commentaire de l’Apocalypse par le Commentaire du Livre de Daniel rédigé par saint Jérôme ; il n’est pas possible de savoir si cet ajout était prévu.
Les Beatus conservés présentent des variantes textuelles (il existe trois versions) et leur classement a été effectué en fonction d’éléments jugés déterminants, dont deux peuvent être appliqués au manuscrit de Genève :
Une étude plus poussée devra examiner l’ensemble des variantes textuelles de ce manuscrit, celles des versets bibliques (les citations de l’Apocalypse reproduisent-elles le texte de la Vulgate de saint Jérôme ou celui de la Bible vieille latine ?) et celles du Commentaire, pour situer ce document dans la famille des Beatus.
Les 97 folios sont agencés en treize cahiers (douze e et 5e folios qui se trouvaient entre les f e, 5e et 6e folios ; f
Suite aux remarques transmises par Mgr Roger Gryson et Nadia Togni, et par Francesc-Xavier Riera Camps, nous avons corrigé la description du 4e cahier initialement présenté comme un ternion, alors qu'il s'agit d'un quaternion incomplet, dont le bifeuillet central manque.
Par ailleurs, le premier folio du Commentaire présente trois petites perforations marquées de rouille, qui peuvent résulter du contact direct de ce folio avec une ancienne couvrure pourvue de trois clous. Le dernier cahier est incomplet mais on retrouve au dernier folio des perforations semblables.
Vu l’absence du début du texte (voir à Sommaire), vu la numérotation des signatures et la présence des perforations marquées de rouille aux premier et dernier folios, nous pouvons supposer que cette copie du Commentaire de Beatus était lacunaire dès l’origine.
L’écriture bénéventine présente des caractéristiques graphiques que l’on retrouve tout au long du manuscrit. On constate non seulement l’utilisation de ligatures obligatoires comme les ligatures enclitiques avec la lettre "i", mais encore des ligatures proclitiques avec la lettre "t".
Le tracé de certaines lettres individuelles, les signes d’abréviations, les abréviations par contraction ou suspension sont également de type bénéventin.
L’écriture caroline présente dans ce manuscrit est de toute évidence contaminée par l’écriture bénéventine, particulièrement dans le premier folio du texte (f qui », soit un "i" suscrit au-dessus de la lettre "q", abréviation empruntée à la caroline, soit une ligne oblique tracée à travers la haste descendante de cette lettre dont l’usage est bénéventin (voir The Scriptorium…, p. 172
A partir du deuxième folio du texte, l’écriture caroline présente toujours des caractéristiques de l’écriture bénéventine, mais devient progressivement épurée au niveau du graphisme. La lettre "a" est généralement écrite en minuscule caroline, les ligatures disparaissent à l’exception de la combinaison "li". Les abréviations par contraction ou suspension sont toujours de type bénéventin mais on observe également des abréviations communes.
Cette hésitation dans le système d’écriture que l’on observe dans les premières pages du texte soulève le problème du nombre de scribes qui ont participé à la copie. Sommes-nous en présence de deux ou trois scribes, voire même davantage, d’autant plus si l’on part du principe que scribes et rubricateurs n’étaient pas les mêmes personnes ?
Excepté le bref passage en écriture caroline au f
On peut également se demander si un scribe, parmi les copistes du manuscrit, maîtrise les deux types d’écriture, passant aisément de l’une à l’autre. Prenons pour exemple le changement d’écriture le plus spectaculaire dans le texte, le passage du car » pour reprendre sous une forme bénéventine la fin du mot « nis » (carnis) et la suite du texte. Or ce changement d’écriture ne correspond ni à une rupture du texte ni à un nouveau cahier, mais se trouve entre le deuxième et le troisième folio d’un quaternion. L’encre est de la même couleur brunâtre. Certaines lettres présentent la même morphologie dans les deux écritures. La lettre "a" en tête de mot présente plusieurs graphismes dont les particularités se retrouvent également dans les deux écritures.
Il semble évident que les différentes parties du texte ont été écrites à la même période. Pour preuve les rubriques qui présentent une alternance des deux écritures, du moins jusqu’au f
L’aspect général de l’écriture, la régularité du ductus, la ponctuation, les abréviations utilisées, les ligatures, sont des éléments qui permettent de dater le manuscrit avec un terminus a quo du
On trouve également d’autres abréviations typiques qui apparaissent au vero » ("v" avec un "o" suscrit), « Christo » ("x" avec un "o" suscrit) (voir The Scriptorium…, p. 171
Au niveau de la ponctuation, signalons simplement l'absence de trait d’union en fin de ligne pour indiquer la division d’un mot. Le trait d’union n’apparaît pas avant le
L’ensemble de ces éléments fournit une datation qui se situerait dans une fourchette comprise
Finalement, plusieurs questions demeurent : quelle est l’origine du texte qui a servi de modèle à cette copie découverte à Genève ? celle-ci a-t-elle été écrite en Espagne par un scribe originaire du Desiderius ?
Il n’existe actuellement qu’un Beatus illustré originaire d’Italie, il s’agit d’un Beatus du
Les miniatures sont presque toutes insérées dans les colonnes du texte, sans encadrement ; elles sont placées entre la storia et l’explanatio. Seules trois miniatures sont encadrées et occupent soit une pleine page (le tableau-grille des noms de l’Antéchrist, f
On constate à différents endroits que l’écriture et l’enluminure ont été menées conjointement ; lorsque le copiste terminait un paragraphe, l’enlumineur (était-ce la même personne ?) traçait le dessin à la plume (ou peignait entièrement la miniature ?), et le copiste reprenait l’écriture en l’adaptant aux contours du dessin (voir par exemple f
L’illustration n’est pas de style mozarabe. Elle a parfois un aspect fruste dans sa composition :
On retrouve cet aspect fruste au niveau de la peinture, parfois grossièrement étalée (voir f
Plusieurs particularités sont à signaler :
Intra sapiens et invenies numerum bestie, quod si non vales, peritum require magistrum et scires, amen, ou ne couvrir que deux côtés et indiquer :
Octo nominibus nuncupatur in septem regna, qui est bestia, cum septem capita et X cornua serpens. Le manuscrit de Genève contient la formule