La Bible historiale est une traduction libre de la Bible, en prose et en français, à partir de la Vulgate et l'Historia Scholastica (vers 1175) de Petrus Comestor (Pierre le Mangeur), professeur et chancelier des écoles de Paris entre 1168 et 1178.
Prêtre et chanoine (avant 1295), puis doyen (1er octobre 1297) de Saint-Pierre à Aire-sur-la-Lys dans le diocèse de Thérouanne en Artois, Guyart des Moulins transposa la Bible en langue picarde dans les années 1291-1295. Il ne traduisit pas intégralement la Bible mais mélangea d’une part Ecritures et apocryphes et d’autre part histoire et gloses
Guyart reprit son œuvre à la demande d’un anonyme vers 1297. Il ajouta quelques livres supplémentaires au texte primitif ainsi qu’une préface justifiant son travail.
La Bible Historiale fut transformée au début du XIVe siècle. Elle se compose le plus souvent en deux volumes, le premier comportant le texte de Guyart des Moulins et le second le volume II de la Bible du XIIIe siècle. En effet, le second volume de la Bible du XIIIe siècle comptait plusieurs livres bibliques absents de l’œuvre de Guyart : les Psaumes, les livres sapientiaux et prophétiques, les Evangiles, les épîtres pauliniennes et l’Apocalypse. Les deux textes réunis sont désignés sous le terme de Bible Historiale Complétée.
On distingue trois types de Bible Historiale Complétée suivant leur contenu : une Petite (Petite B.H.C.), une Moyenne (B.H.C. Moyenne) et une Grande (Grande B.H.C.).
La Bibliothèque de Genève conserve trois exemplaires de Bible Historiale Complétée. Le Ms. fr. 2 est une Petite B.H.C. Le manuscrit le plus proche de Ms. fr. 2 du côté textuel est le manuscrit de [Paris, BnF fr. 8] (information transmise par Clive Sneddon)
Sur la page de garde antérieure III, deux noms ont été calligraphiés, celui de Philipe de Chalon. R. et celui de Jean Du Villard, citoien de Geneve.
Philippe de Chalon, fille de Louis (1388-1463), prince d'Orange, fut religieuse au couvent des Clarisses d'Orbe. A la Réforme, les Clarisses furent bannies et se réfugièrent à Evian (1555), alors sous l'emprise du Valais. En 1591, les troupes franco-genevoises occupèrent la ville. En qualité de député de Genève auprès de l'armée française, Jean Du Villard reçut cette Bible, puis en fit don à la Bibliothèque. L’année de donation inscrite en-dessous de son nom est difficilement lisible. Gagnebin et Senebier lisent le 7 mai 1591. On pourrait également lire 1595, voire 1597 (voir Sneddon et Fournié). L'utilisation de la lampe de Wood est décevante. Evian a été prise par les troupes franco-genevoises vers le 10 février 1591 (voir Correspondance de Théodore de Bèze, t. XXXII, 1591, p. 24). Le manuscrit a été offert aux autorités le "7 de mai". Du Villard aurait donc pris le temps, entre la réception du manuscrit et le don aux autorités genevoises, de faire inscrire son nom et ses armoiries sur la page de garde. Ce délai semble bien court et pourrait être un argument pour retenir une date postérieure à 1591.