Fribourg/Freiburg, Archives de l'État de Fribourg/Staatsarchiv Freiburg, RN 9/1
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Lionel Dorthe, Archives de l’État de Fribourg, 2015.

Handschriftentitel: Registrum Lombardorum
Entstehungsort: Fribourg
Entstehungszeit: 1356-1359
Alternative Bezeichnung:
  • Registre des Lombards
  • Lombardenregister
  • Registro dei Lombardi
Beschreibstoff: Papier
Umfang: 123 folios avec une page de garde en début et en fin de volume, et trois pages de garde supplémentaires, ajoutées en début et en fin de volume, lors de la restauration du manuscrit en 1986
Format: 29,5 x 22 cm.
Seitennummerierung: Deux parties distinctes composent le volume. Les 110 premiers folios constituent une partie «normale», enregistrant des affaires allant du 1er février 1356 (n. st.) au 21 mars 1359 (n. st.). Selon la foliotation normale, la seconde partie commence à l’envers au fol. 122v et va jusqu’au fol. 110r, de telle sorte que les deux textes se rejoignent ici tête-bêche. Cette seconde partie constitue un registre spécial (fol. 110-122), qui enregistre les emprunts souscrits entre le 1er mars 1356 (n. st.) et le 20 mars 1359 (n. st.) auprès des lombards de Fribourg, prêteurs d’argent d’origine lombarde établis à Fribourg dès la fin du XIIIe siècle. Les folios 122v-110r sont à lire dans ce sens et la foliotation dite lombarde débute avec le fol. 123r et se termine au fol. 111v: ainsi, le fol. 122v de la foliotation normale correspond au fol. 123r de la foliotation lombarde; et le fol. 110r de la foliotation normale correspond au fol. 111v de la foliotation lombarde (faite au crayon). La foliotation normale, d’une encre foncée, date vraisemblablement d’une main du XIXe siècle, auteure du titre inscrit sur la page de garde du devant (partie normale): Registrum Lombardorum 1355-58 (ces dates sont erronées puisque c’est le style de l’Annonciation qui était en vigueur; il faudrait donc lire: 1356-1359). C’est sous cette appellation que le RN 9/1 a été désigné par l’historiographie, bien que les affaires strictement lombardes ne représentent que ca. 10% du total des actes consignés dans l’ensemble du registre.
Lagenstruktur: 8 cahiers de composition inégale: 1) VII (7+7), f. 0, 1-13 ; 2) VII (7+7), f. 14-27 ; 3) IX (9+9), f. 28-45 ; 4) IX (9+9), f. 46-63 ; 5) VIII (8+8), f. 64-79 ; 6) IX (9+9), f. 80-97 ; 7) VII (7+7), f. 98-111 ; 8) VI (6+6), f. 112-123.
Zustand: Restauration complète en 1986 (rapport disponible aux AEF).
Seiteneinrichtung: Les instruments sont séparés les uns des autres par un trait horizontal tracé à la plume et la grande majorité d’entre eux sont cancellés. Leur agencement suit un ordre chronologique (à quelques exceptions près). La place qu’occupent les actes varie d’une ligne à une vingtaine de lignes pour les plus longs. Une page peut contenir jusqu’à dix instruments.
Schrift und Hände: Le rédacteur principal du registre est le notaire fribourgeois Pierre Nonans; les lombards, tout comme les individus qui apparaissent dans la partie normale, sont ses clients. L’autre intervenant principal est son assistant et élève Henri de Schwarzenbourg, qui ne tarde pas à se nommer lui-même Henri Nonans de Schwarzenbourg (dès la fin des années 1360). Celui-ci a repris le nom de famille de son ancien maître d’apprentissage, parce qu’il a repris son étude. Le Registrum Lombardorum est donc passé de l’étude de Pierre Nonans à celle d’Henri: lorsqu’Henri de Schwarzenbourg y inscrit une notice, le 4 juillet 1372, indiquant qu’il a grossoyé un acte, il se nomme lui-même Henri Nonans de Schwarzenbourg (fol. 20r), s’agissant de prouver qu’il a le droit de lever des actes tirés du registre de son prédécesseur. Il s’agit d’ailleurs de la seule occurrence où les mains de Pierre et d’Henri se trouvent côte à côte et sont distinguables sans équivoque. Au même folio, au bas de la page, la main d’Henri est à nouveau clairement reconnaissable: il a noté ici la date du 25 janvier 1357 (n. st.) en lieu et place d’un «ut supra». Il y a encore deux mentions dans le Registrum Lombardorum où Henri de Schwarzenbourg se nomme lui-même: dans un instrument du 13 janvier 1358 (fol. 77r), qu’il a levé (Levata per me H. de Nigrocastro), et dans un autre du 28 mai 1358 (fol. 92r), dans lequel il précise que cet instrument demeure en vigueur (Presens littera remanet in vigore ut pridem. Constat mihi Henrico de Nigrocastro). Ces deux avenants, où il se nomme «simplement» Henri de Schwarzenbourg, sont vraisemblablement antérieurs au 4 juillet 1372. Ailleurs, les mains de Pierre et d’Henri sont extrêmement difficiles à différencier et l’on ne peut pas exclure non plus le fait qu’une (ou plusieurs) autre(s) main(s) ai(en)t aussi participé à la rédaction du registre. Henri est probablement arrivé à Fribourg en suivant la clientèle germanophone de la seigneurie de Grasbourg, dont dépendait Schwarzenbourg, qui est littéralement «sur-représentée» dans le registre RN 9/1. Grasbourg ayant été mis en gage auprès des Savoie dès 1310, la population, sous influence savoyarde, aurait eu tendance à faire enregistrer toute transaction devant notaire, raison pour laquelle elle se serait déplacée à Fribourg, parce qu’il n’y avait pas de notaires dans sa région.
Spätere Ergänzungen: Les derniers instruments du registre RN 9/1 datent du 17 mars 1359 (n. st.) pour la partie normale (fol. 110r – selon la foliotation normale) et du 20 mars 1359 (n. st.) pour la partie lombarde (fol. 111v – selon la foliotation lombarde). Le registre est cependant demeuré en usage après le mois de mars 1359. C’est ce que révèlent les notices que les notaires ont inscrites sur les pages de garde de devant et de derrière (non foliotées). Henri est ici presque davantage présent que dans le registre lui-même. Les entrées qui se trouvent sur la page de garde de devant, au recto et au verso, semblent être exclusivement de la main de Pierre Nonans et présentent une sorte de livre de comptes. Sur le côté recto se trouvent les recettes, rédigées en latin et en français (francoprovençal), que Pierre Nonans (qui ne se nomme pas lui-même) a enregistrées depuis le 14 septembre 1364 (Recepte in festo Exaltacionis Sancte Crucis anno LXIIII°), et sur le côté verso les dépenses qu’il a faites depuis cette même date (Liberationes a festo Exaltacionis Sancte Crucis citra anno LXIIII°). Sur le côté recto de la page de garde de derrière, se trouve la liste – de la main d’Henri de Schwarzenbourg (qui se nomme lui-même) – des lettres écrites par lui depuis le 24 juin 1364 pour la ville de Fribourg et payées par Jacques Lombar, en sa qualité de trésorier. Sur le côté verso de la page de garde de derrière, tant la main de Pierre Nonans (qui ne se nomme pas), que celle d’Henri de Schwarzenbourg (qui ne se nomme pas, mais cite son partenaire Pierre Nonans) sont reconnaissables. Pierre Nonans copie une lettre, qui émane manifestement d’Albert (Albrecht) von Buchheim, qui, au milieu du XIVe siècle, est bailli autrichien de l’Argovie, de la Thurgovie, de l’Alsace et du Sundgau et qui, en cette qualité, assiège la ville de Zurich, en 1355. La lettre date du samedi qui précède la Saint-Denis (9 octobre) et est établie à Baden. Cette copie de lettre est suivie d’un décompte, de la main d’Henri de Schwarzenbourg(?), que le clerc Pierre Nonans a réalisé le 12 novembre 1359 avec Jacques Lombar; il y est question de dettes que Pierre a auprès de Jacques, entre autres pour l’achat de drap. Dans le coin inférieur droit du côté verso de la page de garde de derrière se trouve, quand on tourne le registre de 90 degrés (dans le sens inverse des aiguilles d’une montre), encore des entrées de la main de Pierre Nonans, sous le titre «Nota pro hospit(ali)» (qui sont des frais relatifs à une clausule testamentaire) et trois documents (qui semblent avoir été faits pour le prieuré clunisien de Payerne). Enfin, sur la moitié inférieure du côté verso de la page de garde de derrière sont tracées, en grosses lettres majuscules, quelques essais de plume et des devises.
Einband: 30,3 x 23,4 cm; depuis sa restauration, effectuée à l’Atelier de restauration du livre du Couvent des Cordeliers en 1986, le volume a été relié d’une couverture en peau de chèvre, teintée à l’aniline, munie d’un double fermoir; trois pages de garde supplémentaires, d’un papier épais, ont été ajoutées en début et en fin de volume.
Hauptsprache: Latin
Inhaltsangabe:
  • Début de la partie normale: fol. 1r (foliotation normale).
  • Fin de la partie normale: fol. 110r (foliotation normale).
  • Début de la partie lombarde: fol. 123r (foliotation lombarde).
  • Fin de la partie lombarde: fol. 111v (foliotation lombarde).
  • Le registre RN 9/1 renferme 1171 actes : 963 dans la partie normale et 208 dans la partie strictement lombarde. Ces instruments sont agencés les uns à la suite des autres dans un ordre chronologique (à quelques exceptions près). La typologie des actes est relativement variée. Dans l’ensemble du registre (parties normale et lombarde confondues), on dénombre: 38 assignaciones dotis (3,25%), 244 debita ex causa empcionis (20,87%), 314 debita ex causa mutui (26,87%), 169 indempnitates (14,45%), 92 quitaciones (7,86%), 28 reempciones (2,39%) et 98 vendiciones in allodium (8,38%). À cela s’ajoutent plusieurs actes relevant de catégories différentes mais peu représentées ou très spécifiques, comme plusieurs sortes de donaciones. Seuls deux instruments ne peuvent être catégorisés, car ils sont incomplets. Cette répartition est fondée sur la typologie principale de l’acte (chaque instrument n’étant compté qu’une seule fois).
    La catégorie la plus représentée sont les debita ex causa mutui, qui se trouvent, de fait, majoritairement dans la partie lombarde (116 pièces), car le prêt d’argent constitue bien l’activité principale des lombards. Quant aux debita ex causa empcionis, elles illustrent la grande variété des transactions passées devant notaire, spécialement dans les domaines de la tannerie et de l’industrie textile, qui étaient alors prédominants à Fribourg. Sous la rubrique vendiciones in allodium se trouvent pas moins d’une quarantaine de maisons (ou parties de maisons), sises à Fribourg, qui ont changé de main, ainsi qu’un certain nombre de biens situés à la campagne, en particulier sur le territoire de la seigneurie savoyarde de Grasbourg.
    En fonction de la typologie des actes, une distinction nette entre les deux parties du registre RN 9/1 se donne à avoir: alors que la partie normale se compose d’actes les plus divers, la lombarde se limite principalement à une combinaison successive entre debita ex causa mutui (116) et indempnitates (83), ces deux types se retrouvant par paire dans environ 70 cas.
    Le nombre d’affaires consignées dans le RN 9/1 tend à diminuer au fil des ans. Plus de la moitié des instruments qui y sont enregistrés (631 sur 1171) datent en effet de 1356, l’autre moitié étant répartie entre les années 1357 et 1359. L’existence même du registre constituerait alors encore une exception, ou une situation plutôt anormale. La volonté du Petit Conseil d’exercer un contrôle sur les activités des lombards est une hypothèse à envisager. Un net fléchissement des affaires lombardes est par ailleurs observable durant l’été 1358. Or c’est à ce moment qu’Aymonet Asinerii et François de Medicis transfèrent leur banque à Genève, ne laissant à Fribourg plus qu’une simple filiale, gérée par Jaquemin de Saliceto. Il s’agit peut-être d’une réaction face à l’ingérence des autorités urbaines dans les activités financières des lombards. Dès lors, le Registrum Lombardorum aurait perdu sa raison d’être et s’interrompt «discrètement» en 1359.
  • Édition complète:
    • Les sources du droit du canton de Fribourg, I. Le droit des villes, 7. Registrum Lombardorum. Le premier registre notarial des Archives de l’État de Fribourg (1356-1359), Lionel Dorthe et Kathrin Utz Tremp (éd.), Bâle: Schwabe Verlag, 2016 (SDS FR I/3/7). Accessible en ligne.
Entstehung der Handschrift: Fribourg
Bibliographie
  • Josef Ignaz Amiet, «Die französischen und lombardischen Geldwucherer des Mittelalters, namentlich in der Schweiz», Jahrbuch für Schweizerische Geschichte, 1 (1876), p. 177-254; 2 (1877), p. 141-328, sp. p. 225, note 1.
  • Hektor Ammann, Mittelalterliche Wirtschaft im Alltag. Quellen zur Geschichte von Gewerbe, Industrie und Handel des 14. und 15. Jahrhunderts aus den Notariatsregistern von Freiburg im Üchtland, I.-III. Lieferung, Aarau: Sauerländer, 1942/1950/1954, p. 2.
  • Giulia Scarcia, Lombardi oltralpe nel Trecento. Il «Registrum» 9, I dell’Archivio di Stato di Friburgo, Pise: GISEM-Ed. ETS, 2001 (Piccola biblioteca Gisem, 19; Collana del Centro studi sui Lombardi e sul credito nel Medioevo, 2), p. 9-20.
  • Sources (Les) du droit du canton de Fribourg, I. Le droit des villes, 7. Registrum Lombardorum. Le premier registre notarial des Archives de l’État de Fribourg (1356-1359), Lionel Dorthe et Kathrin Utz Tremp (éd.), Bâle: Schwabe Verlag, 2016 (SDS FR I/3/7), p. V-LXII.
  • Kathrin Utz Tremp, «Fiat littera ad dictamen sapientum». Notare, Lombarden und Juden in Freiburg im Üchtland (14. Jahrhundert), Zurich/St-Gall: Dike Verlag, 2012 (Europäische Rechts- und Regionalgeschichte, 17), p. 28-53.
Outils de travail et répertoires disponibles aux AEF:
  • Rapport de restauration du registre RN 9/1 (28.02.1986): AEF IV.3.4.2.1
  • Tableau alphabétique des notaires, Fribourg, 1869 (imprimé): AEF, Rk 5, p. 59-60.
  • Répertoire des notaires par domicile et par ordre chronologique: AEF, Rk 6, p. 17 et 67.
  • Extraits des registres des notaires: AEF, RK 7, p. 117-123.